TRANSFORMATIONS SOCIALES ET TRANSFORMATIONS DU TRAVAIL SOCIAL
Vers un renouvellement des postures professionnelles et scientifiques de l'intervention sociale
Vers un renouvellement des postures professionnelles et scientifiques de l'intervention sociale
Construit dans une perspective comparative (France-Québec-Espagne), ce colloque international vise à questionner le rapport entre société et travail social à partir de la notion de transformation, et à réfléchir aux enjeux, aux défis ainsi qu’aux conséquences de ce rapport sur les postures professionnelles et scientifiques de l’intervention sociale.
Ultimement, ce colloque est envisagé dans la perspective de bâtir des ponts entre chercheurs québécois, espagnols et français intéressés par les transformations de nos sociétés contemporaines et de l’intervention sociale, dans l’objectif de favoriser l’échange d’idées et d’expériences, et de faire émerger de nouvelles opportunités de collaborations internationales. Argumentaire Au niveau international, les transformations contemporaines de nos sociétés contribuent à engendrer de profondes mutations dans le champ du travail social et plus généralement de l’intervention sociale. La multiplication de nouvelles formes de vulnérabilités sociales (Castel, 1995), l’enracinement d’un esprit de rationalisation managériale de l’action sociale, la crise de l’État Providence, ou encore les applications libérales des politiques sociales, sont autant de facteurs propices au développement de ces transformations. De plus en plus de discours politiques, institutionnels ou scientifiques, identifient ces transformations en termes de « crises » induisant alors anomie ou désenchantement chez les professionnels de l’intervention sociale. Dans ce contexte, la tentation est grande, tant pour les praticiens, les gestionnaires et les chercheurs, de se laisser convaincre par certaines analyses du monde social marquées d’un profond déterminisme structurel (de Durkheim à Bourdieu, en passant par Marx et Lévi-Strauss), dénonçant la domination, le pouvoir, la reproduction, la surveillance et la punition, conduisant finalement à développer et à justifier diverses déclinaisons de « postures de l’incapacité », pouvant entraver toute possibilité d’action. Il faut reconnaître que ces théories ont permis de dévoiler et d’analyser certaines facettes des rapports sociaux, mais elles souffrent d’avoir été tenues par leurs promoteurs comme des outils exclusifs d’analyse des sociétés. Néanmoins, depuis ces dernières années, on observe l’émergence de théories alternatives dans le champ de l’intervention sociale qui tentent d’introduire l’idée qu’en face des déterminismes et des logiques de soumission, existent de puissantes capacités émanant des individus et des groupes à agir sur le cadre de leurs activités, sur leur milieu, sur leur vie, sur leurs mondes. Ces analyses prennent alors le parti inverse des théories de l’incapacité en essayant par exemple de démontrer que notre monde social serait le résultat de la somme des actions et des interactions des individus (inspirées des analyses de Boudon), d’où l’introduction de concepts tels que empowerment, pouvoir d’agir, participation sociale, etc. ; des concepts relativement émergents en France et en Espagne, mais déjà bien établis au Québec. Il reste toutefois à opérer, comme le propose Edgar Morin (2008), une lecture qui respecte l’idée d’un monde complexe, c’est-à-dire, un monde qui se construit sur des antagonismes irréductibles mais complémentaires. La reconnaissance de ce monde complexe demande à observer et à analyser le(s) monde(s) avec ses acteurs et ses actions collectives, comme le suggèrent Howard Becker et Alain Pessin (2006). Dans ces conditions, comment penser les transformations contemporaines de nos mondes sociaux ? Quels rapports peuvent s’établir entre les transformations sociales contemporaines et les transformations du travail social ? Comment penser ou repenser les postures professionnelles et scientifiques de l’intervention sociale sans négliger le poids des structures ni les logiques de pouvoir inhérentes à la nature humaine ? Comment penser ces transformations dans l’organisation des pratiques d’intervention? . |
Dans le cadre de ce colloque international, les discussions seront centrées autour de deux axes complémentaires. Chercheurs, professionnels et praticiens membres des organisations partenaires du colloque sont invités à proposer une communication dans l’un des deux axes. Approches théoriques, réflexions épistémologiques, récits d’expérience et résultats de recherche peuvent faire l’objet d’une communication. Axe 1 : Discours incapacitants : quelles conséquences pour l’intervention sociale ? Cet axe propose de faire un état des lieux des articulations entre théories dominantes et mutations du travail social. À travers une lecture critique, il s’agit de réfléchir aux conséquences des discours incapacitants sur les pratiques et les représentations des acteurs, autant du point de vue des personnes usagères, des intervenants sociaux, des gestionnaires et des chercheurs du champ de l’intervention sociale. Axe 2 : Repenser l’intervention sociale dans des sociétés en mutation Au-delà des théories dominantes de l’incapacité, comment valoriser d’autres modes de compréhension et d’analyse des transformations du travail social ? Comment s’extraire de discours invalidants (politiques, intellectuels et institutionnels), pour laisser place à la surrection de l’acteur individué et/ou collectif, sans renoncer à l’intervention sociale ? Quelles analyses prospectives pourraient permettent de penser le devenir du travail social ? Comment faire converger différents fondements théoriques qui contribueront à mieux comprendre l’impact des transformations sociales sur les pratiques et réciproquement ? Modalités de soumission d’une proposition de communication
Contenu de la proposition :
Les propositions sont à envoyer au format Word ou RTF à l’adresse suivante : [email protected] Publications des actes du colloque : les actes seront évalués et publiés sous forme d’ouvrage collectif. * Organisations partenaires :
Références Becker, H-S. & Pessin, A. (2006). «Dialogue sur les notions de Monde et de Champ», Sociologie de l'Art 1/ (OPuS 8), p. 163-180, http://www.cairn.info/revue-sociologie-de-l-art-2006-1-page-163.htm Castel, R. (1995). Les Métamorphoses de la question sociale, Paris, Fayard. Morin, E. (2008). La Méthode, Tome 1, Paris, Seuil. |